Leah est artiste-plasticienne autodidacte commandée par un désir intarissable d’honnêteté, la première étape de sa démarche artistique consiste en la confrontation du réel.
La révolution est une huile sur toile mesurant 195 x 114 cm. Au premier abord, on y retrouve une masse confuse et colorée de figures et de physionomies, toutes très différentes les unes des autres, s’emboîtant parfaitement. Si l’on scrute le tableau plus attentivement, il devient possible d’attribuer à cette masse amorphe de castes et de caricatures une nature commune ; une disposition à la dispersion quasi obscène.
Yeux écarquillés, bouches féroces, fronts las et striés, vêtements arrachés ; la scène n’a pas de sens de lecture défini. Bien que le titre suggère une coalition entre chaque individu à une fin précise, la toile révèle une foule scindée et inapte à tout type d’interactions, si ce n’est l’exécution de gestes brusques et maladroits.
Des poings levés brandissant avec triomphe des smartphones ainsi que des pancartes dénuées d’inscriptions, Marianne – l’emblématique allégorie de la Liberté – peinant sérieusement à avancer ; sur son épaule un nourrisson grossier et fermement accroché dont la physionomie nous évoque une sénescence inquiétante car fortement précoce.
Absence de clarté, de fil conducteur, nous pourrions nous demander où est-ce que ces
consciences mènent ce projet non élucidé. Boîtes crâniennes aplaties, airs perdus et décontenancés ; est-ce une remise en question de la clairvoyance de nos sujets, une satire d’une époque où la confusion règne ?
Le vrai, dit-on, réside toujours dans la poésie. Tout en bas une petite fleur victorieuse et discrète. Un petit détail qui a toute son importance. Car si nous n’avons pas d’idée précise quant à la direction que notre foule prend, la petite pousse, comme chaque plante, s’allonge en direction des rayons infinis d’un soleil de plomb.
Leah de Oliveira
